Afrique : L'ONU prévient que répondre aux besoins humanitaires est de plus en plus difficile

By Centre d'Information des Nations Unies (CINU) Ouagadougou, B

A l'occasion d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la réponse humanitaire en Afrique, des hauts responsables des Nations Unies ont prévenu vendredi 08 avril 2016 qu'il était de plus en plus difficile de répondre aux besoins et qu'il fallait développer des façons de travailler différemment.

«Le contexte humanitaire a changé. Il y a dix ans, nous étions tous concentrés sur la réinstallation et la résilience», a souligné la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Ertharin Cousin, lors de cette réunion. «Dix ans plus tard, l'augmentation des conflits et de la violence à laquelle s'ajoute l'impact du changement climatique, et même El Nino, prolonge non seulement les crises existantes mais crée de nouveaux déplacements à l'intérieur de l'Afrique et dans les régions voisines».

«Les besoins croissants qui en sont la conséquence, ainsi que les contraintes en matière de capacités et de ressources menacent notre sécurité collective, qui exige, au minimum, que nous répondions aux besoins de base des gens en situation de détresse», a-t-elle ajouté.

Mme Cousin a cité les crises en Somalie, au Soudan du Sud, au Soudan, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et en Erythrée.

«Il nous faut prévenir l'Assemblée que répondre à la fois aux besoins des nouvelles populations de réfugiés et à ceux des réfugiés dans des situations prolongées est de plus en plus difficile», a-t-elle insisté.

Selon la Directrice exécutive du PAM, au-delà des besoins en ressources supplémentaires, il est nécessaire de galvaniser l'innovation et les nouvelles façons de travailler. Cela veut dire promouvoir l'autosuffisance et la génération de revenus.

Mme Cousin a ainsi indiqué qu'elle s'était rendue récemment au Tchad et que 20% des réfugiés dans ce pays ont obtenu un accès à des terres arables. Elle a aussi pris pour exemple de nouvelles procédures d'identification biométrique au Kenya qui réduisent le coût mensuel des besoins alimentaires.

Elle a également jugé nécessaire de combattre les problèmes de long terme avec des solutions de long terme. C'est ainsi, selon elle, que les gens «élargiront leurs capacités non seulement à devenir résilients mais à assurer leur sécurité alimentaire».

Le Président de l'Assemblée générale, Mogens Lykketoft, a rappelé de son côté que sur les 60 millions de personnes déplacées dans le monde entier, 17 millions sont en Afrique.

«De toute évidence, le déficit de financement global a un impact direct sur les populations extrêmement vulnérables», a-t-il dit, ajoutant que ce déficit contribuait également à plus grande instabilité dans les régions affectées.

Selon lui, il faut réformer l'approche globale en termes de réponse humanitaire, « adopter une approche à long terme à la fois en termes de financement et de renforcement de la résilience; investir dans la réduction des risques de catastrophe; briser les barrières entre le développement et l'action humanitaire; et améliorer l'efficacité de notre réponse globale ».

«C'est la tâche du Sommet humanitaire mondial le mois prochain et j'espère que la réunion d'aujourd'hui peut éclairer les délibérations lors du Sommet et créer une dynamique pour des engagements réels et une véritable réforme», a-t-il conclu.